Marjane arrête l'alcool
Marjane arrête l'alcool |
Par Nadia BENYOUREF |
Mardi, 28 Août 2012 16:34 |
Vendredi dernier devait marquer la date de reprise de la vente d’alcool par les différents distributeurs au Maroc (grandes surfaces, débits de boisson...). Cette année, Marjane Holding a créé la surprise. Après l'Aïd, trois de ses magasins n’ont pas ré-ouvert leurs rayons alcool. Et la liste risque de s'allonger. L'information qui avait déjà circulé pendant le mois de ramadan n'avait pas été prise au sérieux par certains fournisseurs et clients de ces hypermarchés, avant qu'ils ne constatent sa véracité de visu, au lendemain des fêtes. «Nous avons été surpris d'apprendre que certains magasins de Marjane ont pour consigne de ne plus commercialiser les boissons alcoolisées. Pour l'instant trois magasins nous ont signifié clairement cette décision sans plus d'explications», affirme ce partenaire de Marjane. Aucun courrier ou communication officielle n'ont été fournis jusque-là, mais certains responsables de rayons et dans les magasins parlent pour l'instant de «fermeture provisoire». En coulisses, chacun y va de ses pronostics mais la raison la plus invoquée est que cette décision concerne certains magasins situés dans des quartiers sensibles. En tout, on parle de sept magasins, à savoir celui de Derb Soltan, El Massira, Khouribga, Béni Mellal, Aîn Sebaâ, Salé et Morocco Mall. À l’heure où nous mettions sous presse, des sources concordantes affirmaient que Marjane Kénitra était également sur la liste des suspensions. Certains n'ont pas commercialisé d'alcool depuis leur ouverture et d'autres viennent d'en suspendre la vente. Un petit tour dans certaines de ces grandes surfaces a permis de confirmer cela. La liste risque donc de s'allonger pour concerner d'autres points de vente du réseau. S’agit-il alors d’un revirement stratégique pour Marjane Holding ou tout simplement d’une simple décision de fermetures provisoires pour rénovation des rayons alcools ? Quel en serait l’impact sur la cartographie des débits au niveau national, ainsi que sur l’activité des autres distributeurs et des fournisseurs ? Quel modèle économique est à adopter pour compenser le manque à gagner sur un marché fortement concurrentiel ? Des questions qui restent posées en attendant que Marjane Holding, relancé en vain par Les Echos quotidien, se prononce officiellement sur le sujet. Pendant ce temps là, les concurrents directs de ces points de vente se frottent déjà les mains et révisent à la hausse leurs commandes depuis quelques jours, et plus exactement depuis que la rumeur qui avait enflé à la veille de l'Aid est confirmée. Information cautionnée par certains fournisseurs. Pour certaines enseignes de grande distribution, cette nouvelle donne ne risque pas de bousculer le marché de manière significative, vu que les cibles de clientèle sont différentes. C’est le cas pour Label’Vie par exemple. «Pour le moment, la fermeture de deux ou trois débits par Marjane Holding n’affecte en rien la cartographie des débits au niveau national, encore moins notre activité. Marjane et Carrefour ont deux cibles différentes. Marjane sert les particuliers alors que nous, nous servons les professionnels notamment les restaurants, les cafés et les hôtels», déclare Riad Laissaoui, directeur général adjoint du groupe. Une source proche du dossier s'interroge, quant à elle, sur l'impact d'une telle décision, si elle est définitive, sur tout le business model et surtout sur le fait que dans de telles situations, il est connu que ce sont surtout les circuits parallèles qui récupèrent le business avec ce que cela suppose comme conséquences. Quelques observateurs vont plus loin dans l'analyse et font le lien avec la décision stratégique de SNI-ONA de céder certaines de ses filiales. Ces derniers y voient le signal d'une éventuelle cession partielle du capital à des investisseurs du Golfe, qui auraient ainsi émis des réserves quant à la vente d'alcool et qui auraient exigé que l'on raye cette catégorie de produits de la gamme des grandes surfaces du groupe. En tout cas, les spéculations vont bon train. Pour ce qui est de la compensation du manque à gagner dans les bénéfices du pôle distribution du groupe, quelques analystes avancent sans grande conviction que cela devrait être possible grâce à la diversification, en référence à l’équipement ménager, l’électronique et autres... Pour le moment, une chose est sûre, les clients et partenaires de Marjane auront les yeux rivés sur l’évolution de cette nouvelle donne qui ouvre la voie à toutes les options possibles et imaginables en termes de spéculation. |
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