LE PARTAGE QUI JOINT L'UTILE A L'AGREABLE

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LU SUR INTERNET


Une rentrée scolaire zéro déchet : conseils et astuces

 

Des cartables flambant neufs, des fournitures colorées, et des cahiers qui sentent bon le neuf… La rentrée scolaire est un moment clé de l’année et reflète nos habitudes de consommation. Mais alors, comment la rendre plus respectueuse de l’environnement et moins génératrice de déchets ?

INTRODUCTION

Pourquoi adopter le Zéro Déchet à la rentrée ?

En 2023, 113 millions de fournitures scolaires ont été vendues à l’approche de la rentrée pour une dépense de 357 millions d’euros pour les Français.es (1) !

Cette consommation massive, en plus d’utiliser une quantité importante de ressources polluantes (PVC, plastiques en tout genre…) et potentiellement toxiques pour nos enfants (2), représente également un budget important !

Rien de mieux que les principes de la démarche Zéro Déchet pour limiter notre consommation de fournitures chaque année et trouver des alternatives plus responsables.

La règle des 5R, à toujours garder en tête

La règle des 5R (refuser, réduire, réutiliser, recycler, rendre à la terre), qui est le B.A-BA de la démarche Zéro Déchet, est toujours bonne à garder en tête. En effet, elle aide à se questionner sur les besoins réels pour nos enfants et à adopter des habitudes de consommation plus respectueuses de l’environnement !


Maintenant que vous avez les bases, voici quelques astuces et conseils simples pour une rentrée des classes zéro déchet et zéro gaspillage :

 

TRI ET RÉUTILISATION

La première étape se passe chez vous. Dressez un inventaire de toutes les fournitures que vous possédez déjà, testez les stylos et feutres pour vous assurer que tout fonctionne et faites la liste des fournitures qu’il vous reste à acheter. Bien souvent, un bon nombre de fournitures peuvent être réutilisées d’une année à l’autre !

De la même manière, ne jetez pas les cahiers à moitié utilisés, coupez simplement les pages utilisées et gardez le reste pour en faire un cahier de brouillon.

Avec cet inventaire, vous avez sûrement déjà une bonne base de fournitures qui ne seront pas à racheter. Vous pouvez également penser aux fournitures des frères, sœurs, cousin.es, copains, copines qui en ont sûrement en trop ou dont les besoins ont évolué. Ce sont donc des ressources en moins qui seront consommées et des fournitures à qui on évite la poubelle, ou le fond du placard !

 

ACHATS RESPONSABLES

À l’issue de l’étape de tri et d’inventaire, vous devriez avoir une liste de fournitures à acheter pour l’année qui débute. Pour les achats, nous vous conseillons de privilégier la seconde main ou la récupération mais vous pouvez également vous tourner vers les bourses aux fournitures ou les gratiferia.

Essayez au maximum de choisir des fournitures en matériaux durables et robustes, qui dureront dans le temps et privilégiez également les matières sans danger pour vos enfants (sans parfum et sans solvant, à base d’eau, de colorants végétaux, sans vernis…). Cela passe par exemple par :

Papeterie

  • Utiliser des cahiers avec du papier recyclé ou dont le papier vient de forêts gérées durablement.
  • Privilégier les cahiers avec des couvertures en carton, qui sont plus facilement recyclables en fin de vie.

Stylos et Crayons

  • Choisir des stylos rechargeables, il en existe de nombreuses marques et même les plus classiques s’y mettent !
  • Préférer les crayons en bois certifiés ou les porte-mines rechargeables ainsi que les gommes en caoutchouc naturel, qui ne relâchent pas de phtalates et ne présentent donc pas de risques pour la santé de nos minots.

Sac à dos

  • Choisir un sac à dos assez grand et solide, de couleur neutre afin que votre enfant puisse le réutiliser tout au long de sa scolarité et qu’il ou elle ne s’en lasse pas. Pour que le sac de votre enfant lui plaise toujours au fil des années, vous pouvez le personnaliser avec des porte-clés ou des pins.

Et pour l’année prochaine, n’hésitez pas à discuter de la liste scolaire avec l’enseignant.e, pour tenter d’inscrire les principes du zéro déchet au sein de la liste scolaire, afin que tous les parents soient sensibilisés !

PENSEZ À LA SECONDE MAIN !

Pour vos achats de fournitures, n’hésitez pas à vous tourner vers la seconde main ! Que ce soit pour les fournitures plus conséquentes, comme le cartable ou la trousse, que vous trouverez facilement sur LeBonCoin ou Vinted ou pour les petites fournitures de bureau. En effet, les ressourceries vendent souvent des fournitures scolaires, dont certaines sont encore parfois neuves !!

À Marseille, rendez-vous à El Recuperado (6ème) ou au Recyclodrome (1er), deux adresses incontournables où vous êtes sûr.e de trouver votre bonheur.

GOÛTER À L’ÉCOLE 

Même si cela ne concerne pas que la période de rentrée mais toute l’année scolaire, je me devais de vous parler de l’organisation d’un goûter Zéro Déchet pour vos enfants.

En effet, 6 millions de pom’potes ont été vendues en France en 2021 ! En plus d’être trop gras, trop salés ou trop sucrés, les aliments industriels sont conditionnés en majorité dans des emballages non recyclables : paquets de chips, sachets plastiques de gâteaux, gourdes compotes jetables… À ce jour, les plastiques souples et les emballages bi-matières ne sont pas recyclables !

Tentez de préparer, quand c’est possible, des goûters zéro déchets !

Voici quelques conseils pour y parvenir :

  • Utilisez des contenants réutilisables : Boîtes à goûter, gourdes et sacs en tissu sont des alternatives écologiques aux emballages jetables.
  • Optez pour des aliments non emballés et évitez ceux emballés individuellement : Privilégiez les fruits frais, les noix et les biscuits faits maison ou achetés en vrac.
  • Encouragez l’utilisation de serviettes en tissu plutôt que des serviettes en papier.

La simple utilisation d’une gourde permet à elle seule de remplacer 180 bouteilles en plastique à usage unique jetées chaque année par un Français. Comme l’eau est potable en France, il est très facile de recharger sa gourde à l’école. Pour les enfants, privilégier les modèles qui rentrent dans le cartable, en inox qui est plus sain que l’aluminium ou le plastique et beaucoup moins lourd et fragile que le verre.

L’entretien d’une gourde est très facile : eau chaude, vinaigre blanc et goupillon suffisent ! Pour la nettoyer en profondeur, remplir la gourde d’ ¼ de vinaigre et de ¾ d’eau puis laisser agir quelques heures. Cela permettra d’éliminer bactéries et odeurs. A l’aide du goupillon et de liquide vaisselle, nettoyer ensuite l’intérieur de la gourde sans oublier le goulot et l’intérieur du bouchon.

EN CONCLUSION 

Adopter une approche zéro déchet pour la rentrée scolaire est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais aussi pour le portefeuille et la santé de nos enfants. En mettant en pratique des principes simples comme la règle des 5R, vous pourrez réduire drastiquement la quantité de déchets produite ainsi que celle de ressources consommées !

Et vous comment préparez vous la rentrée ? Avez-vous des astuces à nous partager pour compléter cette liste ?

Bonne rentrée à toutes et à tous !

Elisa,

 

Sources :

(1)   https://www.lepoint.fr/economie/inflation-les-ventes-de-fournitures-scolaires-reculent-avant-la-rentree-01-09-2023-2533669_28.php#11

(2)   https://www.anses.fr/fr/fournitures-scolaires-substances-chimiques#:~:text=les%20compos%C3%A9s%20organiques%20volatils%20(COV,bois%2C%20colles%2C%20rubans%20adh%C3%A9sifs%E2%80%A6

source : https://www.zerowastemarseille.org/rentree-scolaire-zero-dechet/


17/08/2025
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La fraude scientifique organisée se développe à un rythme alarmant

 

Selon une nouvelle étude de l’Université Northwestern, la fraude scientifique organisée est en hausse, des recherches fabriquées aux citations et paternités rémunérées.

 

En combinant une analyse de données à grande échelle de la littérature scientifique avec des études de cas, les chercheurs ont mené une enquête approfondie sur la fraude scientifique. Alors que les préoccupations concernant les fautes scientifiques se concentrent généralement sur des individus isolés, l'étude de Northwestern a révélé des réseaux mondiaux sophistiqués d'individus et d'entités qui collaborent systématiquement pour porter atteinte à l'intégrité de la publication scientifique.

 

Le problème est si répandu que la publication de données scientifiques frauduleuses dépasse le taux de croissance des publications scientifiques légitimes. Les auteurs soutiennent que ces résultats devraient servir d'avertissement à la communauté scientifique, qui doit agir avant que le public ne perde confiance dans le processus scientifique.

 

L'étude sera publiée au cours de la semaine du 4 août dans les Proceedings of the National Academy of Sciences.

« La science doit mieux se contrôler afin de préserver son intégrité », a déclaré  Luís AN Amaral , de Northwestern University, auteur principal de l'étude. « Si nous ne sensibilisons pas à ce problème, des comportements de plus en plus néfastes se normaliseront. À un moment donné, il sera trop tard et la littérature scientifique sera complètement corrompue. Certains craignent que parler de ce sujet ne soit une attaque contre la science. Mais je suis convaincu que nous défendons la science contre les acteurs malveillants. Nous devons être conscients de la gravité de ce problème et prendre des mesures pour y remédier. »

 

Expert des systèmes sociaux complexes, Amaral est titulaire de la chaire Erastus Otis Haven et professeur de sciences de l'ingénieur et de mathématiques appliquées à la  McCormick School of Engineering de Northwestern .  Reese Richardson , chercheur postdoctoral dans son laboratoire, est le premier auteur de l'article.

 

Analyse approfondie

 

Quand on pense à la fraude scientifique, on se souvient souvent d'articles rétractés, de données falsifiées ou de plagiat. Ces reportages mettent généralement en scène les actions isolées d'un individu, qui prend des raccourcis pour progresser dans un secteur de plus en plus concurrentiel. Mais Amaral et son équipe ont découvert un vaste réseau clandestin opérant dans l'ombre, à l'abri des regards du public.

 

« Ces réseaux sont essentiellement des organisations criminelles qui agissent de concert pour falsifier le processus scientifique », a déclaré Amaral. « Des millions de dollars sont impliqués dans ces opérations. »

 

Pour mener l'étude, les chercheurs ont analysé de vastes ensembles de données de publications rétractées, de comptes rendus éditoriaux et de cas de duplication d'images. La plupart des données provenaient des principaux agrégateurs de littérature scientifique, notamment Web of Science (WoS), Scopus d'Elsevier, PubMed/MEDLINE de la National Library of Medicine et OpenAlex, qui inclut des données de Microsoft Academic Graph, Crossref, ORCID, Unpaywall et d'autres référentiels institutionnels.

 

Richardson et ses collègues ont également compilé des listes de revues désindexées, c'est-à-dire des revues scientifiques retirées des bases de données pour non-respect de certaines normes de qualité ou d'éthique. Les chercheurs ont également inclus des données sur les articles rétractés de Retraction Watch, des commentaires d'articles de PubPeer et des métadonnées (telles que les noms des rédacteurs, les dates de soumission et d'acceptation) d'articles publiés dans des revues spécifiques.

 

Acheter une réputation

 

Après avoir analysé les données, l'équipe a découvert des activités coordonnées impliquant des « usines à papier », des courtiers et des revues infiltrées. Fonctionnant comme des usines, les usines à papier produisent un grand nombre de manuscrits, qu'elles vendent ensuite à des universitaires désireux de publier rapidement de nouveaux travaux. Ces manuscrits sont pour la plupart de mauvaise qualité : ils contiennent des données fabriquées, des images manipulées, voire volées, du contenu plagié et parfois des affirmations absurdes ou physiquement impossibles.

 

« De plus en plus de scientifiques se retrouvent pris dans des moulins à papier », a déclaré Amaral. « Ils peuvent non seulement acheter des articles, mais aussi des citations. Ils peuvent ainsi apparaître comme des scientifiques réputés alors qu'ils n'ont pratiquement pas mené leurs propres recherches. »

 

« Les papeteries fonctionnent selon différents modèles », a ajouté Richardson. « Nous n'avons donc pu qu'effleurer leur fonctionnement. Mais elles vendent pratiquement tout ce qui peut servir à blanchir une réputation. Elles vendent souvent des postes d'auteur pour des centaines, voire des milliers de dollars. Une personne peut payer plus cher pour un premier auteur, ou moins cher pour un quatrième. Il arrive aussi que des articles soient automatiquement acceptés dans une revue grâce à un faux processus d'évaluation par les pairs. »

 

Afin d'identifier davantage d'articles provenant des papeteries, le groupe Amaral a lancé un projet parallèle qui analyse automatiquement les articles publiés en science et ingénierie des matériaux. L'équipe a spécifiquement recherché les auteurs ayant mal identifié les instruments utilisés dans leurs recherches. Un article présentant ces résultats a été accepté par la revue PLOS ONE.

 

Courtiers, détournement et collusion

 

Amaral, Richardson et leurs collaborateurs ont découvert que les réseaux frauduleux utilisent plusieurs stratégies clés : (1) des groupes de chercheurs s'entendent pour publier des articles dans plusieurs revues. Lorsque leurs activités sont découvertes, les articles sont ensuite rétractés ; (2) des courtiers servent d'intermédiaires pour permettre la publication massive d'articles frauduleux dans des revues compromises ; (3) les activités frauduleuses sont concentrées dans des sous-domaines spécifiques et vulnérables ; et (4) des entités organisées échappent aux mesures de contrôle qualité, telles que la déréférencement des revues.

 

« Les courtiers mettent en relation tous les acteurs en coulisses », explique Amaral. « Il faut trouver quelqu'un pour rédiger l'article. Il faut trouver des personnes prêtes à payer pour en être les auteurs. Il faut trouver une revue où publier l'ensemble. Et il faut des rédacteurs en chef de cette revue qui accepteront cet article. »

 

Parfois, ces organisations contournent complètement les revues établies, recherchant plutôt des revues disparues à détourner. Lorsqu'une revue légitime cesse de paraître, par exemple, des individus malintentionnés peuvent s'emparer de son nom ou de son site web. Ces individus usurpent subrepticement l'identité de la revue, conférant ainsi de la crédibilité à ses publications frauduleuses, malgré la disparition de la publication elle-même.

 

« C'est arrivé à la revue HIV Nursing », a déclaré Richardson. « C'était autrefois la revue d'une organisation professionnelle d'infirmières au Royaume-Uni, puis elle a cessé de paraître et son domaine en ligne a expiré. Une organisation a racheté le nom de domaine et a commencé à publier des milliers d'articles sur des sujets totalement étrangers aux soins infirmiers, tous indexés dans Scopus. »

 

Se battre pour la science

 

Pour lutter contre cette menace croissante qui pèse sur la publication scientifique légitime, Amaral et Richardson soulignent la nécessité d'une approche multidimensionnelle. Cette approche comprend un examen plus approfondi des processus éditoriaux, des méthodes améliorées de détection des recherches fabriquées, une meilleure compréhension des réseaux qui facilitent ces pratiques répréhensibles et une restructuration radicale du système d'incitations dans le secteur scientifique.

Amaral et Richardson soulignent également l’importance de s’attaquer à ces questions avant que l’intelligence artificielle (IA) ne s’infiltre davantage dans la littérature scientifique qu’elle ne l’a déjà fait.

 

« Si nous ne sommes pas prêts à faire face à la fraude déjà en cours, nous ne le serons certainement pas à l'impact de l'IA générative sur la littérature scientifique », a déclaré Richardson. « Nous n'avons aucune idée de ce qui finira dans la littérature, de ce qui sera considéré comme un fait scientifique et de ce qui servira à former les futurs modèles d'IA, qui serviront ensuite à rédiger d'autres articles. »

 

« Cette étude est probablement le projet le plus déprimant auquel j'ai participé de toute ma vie », a déclaré Amaral. « Depuis tout petit, j'étais passionné par la science. C'est affligeant de voir d'autres personnes frauder et induire autrui en erreur. Mais si vous croyez que la science est utile et importante pour l'humanité, alors vous devez vous battre pour elle. »

L’étude, « Les entités qui permettent la fraude scientifique à grande échelle sont grandes, résilientes et en croissance rapide », a été soutenue par la National Science Foundation et les National Institutes of Health.


06/08/2025
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Les scientifiques cherchent à construire des ordinateurs "organoïdes"

Les bioprocesseurs ont quitté le domaine de l’utopie. Des startups se sont engagées dans une course pour la fabrication commerciale de ce qu’elles appellent des "ordinateurs vivants".

PUBLICATION 26 JUIL. 2025, 11:54 CEST

En 2022, un groupe de chercheurs australiens a fait tourner une simulation rudimentaire du jeu d’arcade, Pong. Aucun d’eux ne contrôlait la raquette virtuelle et pourtant, après quelques actes manqués, elle a commencé à se déplacer d’elle-même à l’écran, à la rencontre de la balle afin de la renvoyer.

 

Le jeu en 2D était connecté à un amas de cellules cérébrales d’humains et de souris créées en laboratoire, développées dans des boîtes de Pétri. Grâce à un réseau multi-électrodes (ou MEA, Multi-Electrode Array), les chercheurs ont appris au « mini-cerveau » où était la balle et l’ont récompensé par une stimulation électrique quand elle était renvoyée. En moins de cinq minutes, les cellules ont fini par comprendre et ont joué quelques points entre elles, sans intervention humaine.

 

« Le succès récent des LLM [de l’anglais Large Language Models, grand modèle de langage] est dû à des tentatives de modélisation des procédés qui surviennent dans le cerveau », explique Brett Kagan, chef des opérations scientifiques du laboratoire Cortical Labs, une startup qui dérive de la recherche menée avec le jeu Pong. « J’aime souvent dire que “toute machine suffisamment avancée ne peut être distinguée de la biologie”, alors pourquoi ne pas utiliser la biologie pour tenter de maîtriser l’intelligence ? »

 

L’expérience a prouvé que les neurones étaient capables d’apprendre et de répondre à un feedback en temps réel, même dans une boîte de Pétri, révèle Lena Smirnova, professeure assistante au sein de la faculté de santé publique de l’université Johns Hopkins. Un an plus tard, en 2023, la scientifique, aux côtés d’autres chercheurs, a partagé sa vision d’une « intelligence organoïde », un domaine scientifique en émergence qui tire parti des forces provenant de cultures de cellules cérébrales animales et humaines : apprentissage à partir de peu d’exemples, adaptation en temps réel, un usage efficace de l’énergie. Le but est d’en faire un nouveau genre d’ordinateur biologique.

 

Utiliser des cellules cérébrales comme centres de traitement informatique bouleverserait le domaine. Cela pourrait réduire de manière significative la quantité d’énergie requise pour faire fonctionner les intelligences artificielles et révolutionnerait la médecine. Cette technologie crée d’ores et déjà une industrie lucrative dont les scientifiques tirent profit pour effectuer des avancées majeures. Mais ce secteur en croissance soulève un lot de questions ardues sur le début de la conscience et sur l’éthique qu’implique l’utilisation de tissus vivants qui ressentent la douleur.

 

COMMENT FONCTIONNENT CES ORDINATEURS VIVANTS ?

Les appareils que l’on utilise aujourd’hui, des ordinateurs aux téléphones, fonctionnent grâce à des puces, où des milliards de petits composants, des transistors, sont fixés dans du silicium et arrangés en portes logiques. Chaque puce peut recevoir jusqu’à deux bits en entrée et transmettre une sortie d’un seul bit. Combiner de nombreuses portes similaires rend possible l’exécution d’opérations complexes, comme celles que mettent en place les chatbots d’IA modernes.

 

Cependant, des unités de cerveau organoïdes, appelées bioprocesseurs, fonctionnent en tandem avec une puce à silicium traditionnelle. Au sein de chaque organoïde, une infinité de neurones croissent en trois dimensions, formant des connexions grâce à leurs synapses. Sans installation électrique fixe pour les limiter, le réseau s’organise constamment en autonomie et évolue à mesure qu’il apprend. Les neurones peuvent simultanément transférer des informations par impulsion électrique et signaux chimiques, à l’inverse d’un ordinateur normal, qui fonctionne selon une logique rigide d’étape par étape.

 

« Il s’agit plus d’une toile qui ne cesse de s’adapter que d’une carte mère bien organisée », ajoute Lena Smirnova.

 

En plus de s’adapter naturellement, le cerveau humain consomme peu d’énergie.

 

À titre de comparaison, pour entraîner un modèle d’IA générative comme le GPT-3 d’OpenAI, on estime qu’il faut un peu moins de 1 300 mégawatts par heure d’électricité. Cela équivaut à peu près à 140 foyers français de cinq personnes sur une année. Le cerveau n’a besoin que d’une fraction de cette énergie, à peu près celle d’une ampoule, pour accomplir une tâche comparable. Les données fournies par l’étude de l’université Johns Hopkins suggèrent que la bio-informatique pourrait diviser la consommation énergétique de l’IA par « un million, voire dix milliards ».

 

« Le développement de grands organoïdes dans le cadre de la création de réseau neuronaux de basse consommation pourrait aider à réduire considérablement l’impact environnemental des modèles complexes de deep learning », explique Ben Ward-Cherrier, chercheur en neuroscience informatique à l’université de Bristol.

 

L’USAGE ACTUEL DES BIOPROCESSEURS

Les bioprocesseurs ont quitté le domaine de l’utopie. Un petit nombre de startups se sont engagées dans une course pour la fabrication commerciale de ce qu’elles appellent familièrement un « ordinateur vivant ».

Neuroplatform, une plateforme créée par FinalSpark, une entreprise suisse, permet à tout le monde de mener des expériences à distance sur un cluster d’organoïdes, pour la modique somme de 1 000 dollars américains par mois (soit 850 euros). Dans ses locaux incubent des milliers d’unités de processeurs, où chaque organoïde est connecté à huit électrodes branchées à un ordinateur conventionnel. En utilisant le logiciel de FinalSpark, les chercheurs peuvent coder des programmes pour stimuler électroniquement les neurones, observer leur réponse et les exposer aux neurotransmetteurs du bonheur, la dopamine et la sérotonine, le tout pour les entraîner à effectuer des tâches informatiques.

 

En plus de louer ses ordinateurs biologiques sur le cloud, plus tôt cette année, Cortical Labs a également commencé à vendre ses unités de bioprocesseurs à 35 000 dollars américains chacune (soit 29 750 euros). Les unités ressemblent à des appareils de science-fiction : un grand contenant en verre et en métal abrite toute la structure de soutien dont ont besoin les cellules cérébrales humaines pour rester en vie pour une durée allant jusqu’à six mois, des filtres à déchets et au contrôle de la température.

Au cours des deux dernières années, les chercheurs ont tiré profit de ces ordinateurs biologiques gérés par des entreprises privées afin de tester leurs avancées.

 

Benjamin Ward-Cherrier, de l’université de Bristol, intègre des organoïdes à ses robots pour leur faire office de « cerveaux » afin qu’ils apprennent en continu. Son équipe s’est servi des organoïdes de Neuroplatform afin de développer un système capable de lire le Braille avec une précision de 83 %.

Chaque information spatiale des lettres est encodée grâce à des pulsations électriques spécifiques que les neurones peuvent identifier. Bientôt, l’équipe du scientifique a l’intention d’utiliser les organoïdes afin d’apprendre aux robots à exécuter des commandes motrices basées sur des situations et des événements spécifiques, comme sentir un objet et de suivre ses contours avec un bras robotique. Cette capacité pourrait un jour aider les robots à comprendre ce avec quoi ils interagissent.

 

Pour le moment, les cerveaux à cellules cérébrales vivantes sont encore loin de remplacer les processeurs de vos ordinateurs portables.

 

D’une part, les cellules cérébrales utilisées dans les circuits électroniques des ordinateurs n’en sont qu’à leurs balbutiements et restent immatures, des fœtus tant dans leur structure biologique que dans leur comportement. Il leur manque l’architecture d’un cerveau humain mature, ce qui les empêche d’accomplir des prouesses cognitives avancées. En l’état actuel, les organoïdes peuvent être éduqués beaucoup plus simplement, par l’apprentissage de tâches rudimentaires lorsqu’ils sont stimulés ou par la démonstration de fonctions mémorielles basiques.

 

De plus, les organoïdes se comportent tous d’une manière différente, et les garder en vie sur une longue période reste un défi.

 

Lena Smirnova admet que les ordinateurs cellulaires sont encore loin du niveau de fiabilité ou de l’échelle requis pour effectuer des tâches informatiques courantes. Cependant, cette immaturité permet à ces réseaux une flexibilité idéale pour des travaux de recherche.

 

UN MOYEN PLUS SÛR ET PLUS HUMAIN DE TESTER DES MÉDICAMENTS

Pour les temps à venir, Lena Smirnova déclare que son équipe et elle continueront d’utiliser les organoïdes afin de mieux comprendre et traiter les maladies neurologiques. Bien que les organoïdes ne soient pas encore suffisamment avancés pour prendre en compte des informations complexes, ils deviennent des moyens plus simples et plus humains de tester des médicaments.

 

Les chercheurs pourraient bientôt être capables de produire un organoïde à partir des cellules souches d’un patient et de tester les effets d’un médicament en particulier sur des neurones donnés, ou de passer en revue une bibliothèque de produits chimiques afin d’en vérifier les potentielles propriétés neurotoxiques, sans que des animaux ne servent de cobayes.

 

C’est ce que fait Kyle Wedgwood, professeur au sein de l’institut des systèmes vivants de l’université d’Exeter. Il profite de Neuroplatform afin de déterminer des moyens de rendre la mémoire au cerveau après le développement de maladies telles qu’Alzheimer.

 

« Ce travail établira les fondations pour qu’une biotechnologie intelligente et implantable aide à traiter des maladies neurodégénératives », ajoute le professeur.

 

À QUEL MOMENT LES ORGANOÏDES DEVIENNENT-ILS DES ORGANES ?

Alors que ces « mini-cerveaux » de laboratoire se complexifient, des questions commencent à émerger au sein de la communauté scientifique. À quel moment les organoïdes pénètrent-ils dans le domaine de la conscience, et quelles sont les règles éthiques quant à l’activation de leurs récepteurs de douleur ?

 

Lena Smirnova n’attend pas qu’un organoïde ne montre, ne serait-ce qu’un semblant de conscience pour commencer à mettre en place un cadre à respecter, similaire à ceux que l’on retrouve en recherche animal. Elle a instauré des panels de revue par des pairs et des protocoles pour éviter que les organoïdes ne souffrent. En pratique, cela pourrait signifier de placer une limite quant à l’âge qu’atteindront les organoïdes, des expériences dans lesquelles ils seront impliqués, de la manière dont on récupère et produit les cellules et, au cas où elles proviendraient d’un humain, d’en faire un usage responsable avec le consentement des donneurs.

 

« La chose à retenir, c’est que l’on procède avec moult précautions et prévenance, bien avant qu’un quelconque tissu humain “conscient” puisse émerger », conclut Lena Smirnova.

 

 

source : https://www.nationalgeographic.fr/sciences/article-bioinformatique-organoides-les-scientifiques-cherchent-a-construire-des-ordinateurs-vivants


31/07/2025
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Comment une extension Chrome téléchargée plus de 100 000 fois est devenue un malware

Dans une étude, parue le 8 juillet 2025, les chercheurs de Koi Security révèlent que 18 extensions Chrome, disponibles sur Google Chrome et Microsoft Edge étaient des chevaux de Troie. Dans cette liste figure notamment le sélecteur de couleur Geco, qui comptait plus de 100 000 utilisateurs.

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Amine Baba Aissa Publié le

 

C’est précisément sur notre confiance en ces indicateurs en ligne que se joue la campagne RedDirection, révélée le 8 juillet 2025 par les chercheurs de Koi Security. Tête d’affiche de cette vaste opération, l’application « Color Picker Geco », téléchargée plus de 100 000 fois sur Google Chrome. Un succès commercial qui n’est que la partie émergée de l’iceberg.

 

En tout, les chercheurs de la société israélienne ont recensé 18 extensions malveillantes sur les boutiques Google Chrome et Microsoft Edge, toutes dotées de capacités d’espionnage. Plus de 2,3 millions d’utilisateurs seraient touchés et on retrouve parmi les services proposés par ces extensions piégés toutes sortes de fonctionnalités légitimes : claviers emoji, prévisions météo, contrôleurs de vitesse vidéo, VPN, thèmes sombres, amplificateurs de volume…

Comment de tels virus ont-ils pu passer entre les mailles des vérifications Microsoft et Google ? Eh bien, parce qu’à l’origine, ils n’en étaient pas.

 

Une application tout à fait normale, jusque…

Les sélecteurs de couleurs permettent normalement de choisir n’importe quelle couleur sur un site web et de la copier dans le presse-papiers. Pratique pour les graphic designers ou les concepteurs d’applications ou de sites. Et cette fonction, l’outil Geco la fournissait avec brio, au point de devenir une application certifiée par Google sur le Chrome Web Store.

 

Seulement, voilà : tout comme 17 autres extensions, le code de Geco était initialement sain, et certains le sont restés pendant des années avant que le code malveillant ne soit introduit via des mises à jour. Une méthode visiblement efficace pour contourner les contrôles de Google et Microsoft.

Dans ses dernières versions, le sélecteur de couleur devenu malware était capable de surveiller en temps réel la navigation de l’utilisateur. À chaque page visitée, l’extension capturait l’URL et l’associait à un identifiant unique, puis transmettait ces informations à un serveur de commande et contrôle (C2) contrôlé par les attaquants. Ce serveur pouvait ensuite envoyer des instructions à l’extension, lui ordonnant par exemple de rediriger discrètement l’utilisateur vers des sites malveillants, sans intervention de sa part. Une véritable backdoor, qui permettait aux cybercriminels de prendre le contrôle à distance de certains comportements du navigateur, rendant l’attaque à la fois furtive et persistante

Qui est concerné ?

Aucune information n’a permis d’identifier l’origine ou les motivations exactes derrière la campagne RedDirection. Ce qui inquiète surtout, c’est la discrétion de l’attaque : de nombreux utilisateurs risquent de ne jamais se rendre compte qu’ils ont été infectés.

 

« Pas de phishing. Pas d’ingénierie sociale. Juste des extensions de confiance, mises à jour discrètement, qui transforment des outils de productivité en malwares de surveillance », résume Idan Dardikman, auteur de l’article et CTO de Koi Security.

 

Alors, pour vous aider à garder une bonne hygiène numérique : si vous avez installé l’une des extensions listées ci-dessous, désinstallez-la immédiatement, effacez les données de votre navigateur et surveillez vos comptes pour détecter toute activité suspecte.

 

  • Emoji keyboard online — copy&past your emoji.
  • Free Weather Forecast
  • Video Speed Controller — Video manager
  • Unlock Discord — VPN Proxy to Unblock Discord Anywhere
  • Dark Theme — Dark Reader for Chrome
  • Volume Max — Ultimate Sound Booster
  • Unblock TikTok — Seamless Access with One-Click Proxy
  • Unlock YouTube VPN
  • Color Picker, Eyedropper — Geco colorpick
  • Weather
  • Web Sound Equalizer
  • Flash Player — games emulator
  • Youtube Unblocked
  • SearchGPT — ChatGPT for Search Engine

 

source : https://www.numerama.com/cyberguerre/2031477-comment-une-extension-chrome-telechargee-plus-de-100-000-fois-est-devenue-un-malware.html


15/07/2025
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L'IA pose de nouvelles questions morales. Le pape Léon XIII affirme que l'Église catholique a des réponses.

Le nouveau pape a un premier objectif : l’intelligence artificielle comme défi perturbateur à la dignité humaine.

 

Le pape Léon XIV est entouré de journalistes utilisant leurs smartphones au Vatican, lundi. (Tiziana Fabi/AFP/Getty Images)

 
 

L'intelligence artificielle ne semble pas être une priorité évidente pour un nouveau pape à la tête de la plus grande Église chrétienne du monde. L'IA se développe à une vitesse que la plupart des gens ne peuvent suivre. L'Église mesure le changement en siècles.

 

Mais le pape Léon XIV, récemment élu, a fait de l'IA l'un des premiers axes de son pontificat, abordant le sujet à plusieurs reprises dans ses interventions publiques, notamment pour expliquer pourquoi il a pris le nom de Léon. Il a signalé que l'Église est prête à apporter une réponse spirituelle aux défis posés par l'IA pour la justice et la dignité humaines.

 

Nous aurons besoin de « responsabilité et de discernement » pour déployer « l'immense potentiel » de l'IA au profit de l'humanité plutôt qu'à sa dégradation, a-t-il déclaré lundi lors de sa première conférence de presse en tant que pape.

 

Le pape précédent, Léon XIII, à la fin du XIXe siècle, a aidé l’Église à traverser les conséquences de la révolution industrielle, dans lesquelles le nouveau pape a déclaré voir une analogie claire.

 

Dans ses remarques pour expliquer le choix de son nom, Léon XIV a rappelé l'encyclique « Rerum Novarum » de Léon XIII de 1891, sur le capital et le travail, qui soulignait le caractère sacré et la dignité des travailleurs dans un contexte de mutations politiques et sociales. Il a exhorté les hommes à ne pas s'éloigner de leur humanité et de leur âme lorsqu'ils travaillent dur et recherchent la richesse sous le capitalisme.

 

Aujourd'hui, c'est l'IA qui menace la dignité des travailleurs et l'âme humaine, a averti Léon XIV. Mais il semble considérer son Église comme particulièrement bien armée pour affronter la situation, offrant « le trésor de sa doctrine sociale » en réponse à « une nouvelle révolution industrielle ».

 

Cette insistance ne devrait pas surprendre, a déclaré Linda Hogan, éthicienne et professeure d'œcuménisme au Trinity College de Dublin, « car quiconque examine la situation actuelle dans laquelle nous nous trouvons se demanderait : quels sont les problèmes urgents ? »

 

Les éthiciens, y compris ceux qui travaillent dans une perspective religieuse, considèrent le développement et le déploiement de ce groupe de technologies appelé IA comme l'une des évolutions les plus marquantes de la génération actuelle, a déclaré Hogan. Ses implications concernent la justice sociale et les droits humains, les travailleurs et la créativité, la bioéthique et la surveillance, les préjugés et les inégalités, la guerre et la désinformation, et bien plus encore.

 

Pour l’Église, a déclaré Hogan, la question fondamentale est : ce nouveau développement sert-il la dignité humaine ou la viole-t-il ?

 

Alors que Léon XIV, diplômé en mathématiques, a accordé une importance particulière à cette question dans ses premiers instants déterminants en tant que pape, l'IA est une préoccupation de longue date pour le Vatican, y compris pour le regretté pape François.

 

 

L'Église « veut toujours protéger la personne humaine », a déclaré Ilia Delio, théologien américain spécialisé en sciences et en religion. « En d'autres termes, nous sommes créés à l'image de Dieu, donc tout ce qui pourrait porter atteinte à cette image de Dieu, la déformer ou tenter de l'éradiquer devient alarmant et source de préoccupation. »

 
 

En 2007, le pape Benoît XVI a averti les scientifiques que faire trop confiance à l’intelligence artificielle et à la technologie pourrait les conduire au même sort qu’Icare, qui a volé trop près du soleil.

En 2020, sous François, le Vatican et les géants de la technologie IBM et Microsoft ont signé l’« Appel de Rome pour l’éthique de l’IA », un document de principes de l’IA qui suit ce que le Vatican appelle « l’algoréthique » ou le développement éthique des algorithmes.

 

Le révérend Paolo Benanti, un frère franciscain qui a conseillé François sur l'IA, fait partie du Conseil consultatif des Nations Unies sur l'intelligence artificielle.

 

L'année dernière, François — qui, selon certaines sources, n'utilisait pas d'ordinateur et écrivait à la main — est devenu, à 87 ans, le premier pape à assister au sommet du Groupe des Nations, s'adressant aux dirigeants mondiaux sur les dangers de l'IA. Après avoir ouvert son discours par une récitation du livre de l'Exode, il a mis en garde contre un « paradigme technocratique » susceptible de limiter notre vision du monde à des « réalités exprimables en chiffres et enfermées dans des catégories prédéterminées » — et contre l'absence de sagesse de la technologie dans la prise de décision et son potentiel d'utilisation meurtrière. Il s'est inquiété de la « perte, ou du moins de l'éclipse, du sens de l'humain ».

 

« Nous condamnerions l’humanité à un avenir sans espoir si nous retirions aux gens la capacité de prendre des décisions sur eux-mêmes et sur leur vie, en les condamnant à dépendre des choix des machines », a déclaré François.

 

À la fin de l'année dernière, l'État de la Cité du Vatican a publié ses directives officielles sur l'IA, interdisant l'utilisation de systèmes d'IA créant des inégalités sociales, portant atteinte à la dignité humaine ou tirant des « déductions anthropologiques ayant des effets discriminatoires sur les individus ». Il a également créé une Commission sur l'intelligence artificielle composée de cinq membres pour la Cité-État.

En janvier, le Vatican a publié « Antiqua et Nova », qui signifie « Ancien et Nouveau », un document complet qui réfléchit aux différences et à la relation entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine.

 

« En se tournant vers l'IA comme un “Autre” perçu comme supérieur à elle-même, avec lequel partager existence et responsabilités, l'humanité risque de créer un substitut à Dieu », affirme le document. Mais, en tant que « pâle reflet de l'humanité… formée à partir de matériaux créés par l'homme », ce n'est « pas l'IA qui est finalement déifiée et vénérée, mais l'humanité elle-même – qui, de cette manière, devient asservie à son propre travail ».

 

L'IA soulève des questions auxquelles l'Église catholique réfléchit depuis des siècles : à quoi ressemble une action éthique, personnelle et sociale ? Comment pouvons-nous cultiver notre propre humanité ? Que signifie être un être humain ?

Dans la tradition intellectuelle catholique, la compréhension de l'être humain va bien au-delà de la simple capacité à calculer, a déclaré Joseph Vukov, professeur associé de philosophie à l'Université Loyola de Chicago. L'Église défend une dignité humaine fondamentale et considère que notre humanité est incarnée et possède une qualité relationnelle, a-t-il ajouté.

 

L'utilisation excessive de technologies profondément intégrées – le doomscrolling et la dépendance excessive à l'IA pour penser à notre place – peut être spirituellement néfaste et déshumanisante, a déclaré Vukov. Les gens pourraient moins demander à leurs amis de leur recommander un nouveau livre, se fiant plutôt à ce que l'algorithme leur fournit, a-t-il ajouté. Ils pourraient remplacer davantage de rencontres en face à face par des rencontres virtuelles, perdre une partie de leur créativité ou de leur esprit critique, ou encore s'appuyer sur l'IA pour écrire une carte de remerciement. « Nous savons tous que ce n'est pas une façon humaine de vivre », a déclaré Vukov.

 

Les gens sont avides de sagesse morale et de cadres de compréhension pour donner un sens à tout cela. « C'est un don que l'Église catholique peut offrir au reste du monde », a-t-il déclaré.

 

Source : https://www.washingtonpost.com/world/2025/05/16/pope-leo-ai-artificial-intelligence-catholic-church/


12/07/2025
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